Château Pichon Comtesse, une discrète révolution

Depuis l’arrivée du groupe Roederer en 2007 à la tête de ce 2nd grand cru classé de Pauillac, Château Pichon Comtesse poursuit un chemin ambitieux au plus près de son terroir. Nicolas Glumineau, Directeur Général du château, et Sébastien Moses, Directeur Général de Twins, évoquent la douce révolution qui a agité ce singulier cru classé.

À la recherche de l’identité Pauillacaise de Pichon Comtesse

Au sein de l’appellation Pauillac, Pichon Comtesse a une place à part. « Pichon Comtesse a toujours été considéré comme un vin plus Saint-Julien ou Margaux avec une proportion de merlot relativement importante », souligne Sébastien Moses. Un constat partagé par Nicolas Glumineau : « Dans l’inconscient collectif, Pichon Comtesse c’est quand même de grands merlot ». Or, quand le Directeur Général a pris ses fonctions en 2012, cette question du merlot l’a beaucoup intriguée.

« La réputation de Comtesse est très liée à Margaux, à Saint-Julien, parfois à Pomerol, mais on est tout de même à Pauillac. Quand je regarde nos voisins, la typicité de leur vin est très ancrée dans le cabernet sauvignon. Est-ce qu’il y aurait un élément dans le vignoble de Pichon Comtesse qui serait particulièrement adapté au merlot ? C’était toute la question ».

Nicolas Glumineau, Directeur Général de Château Pichon Comtesse

Pour trouver des réponses, Frédéric Rouzaud, PDG de Louis Roederer, a tenu à établir la carte géologique du vignoble, préalable à toute restructuration. La création de cette carte a été un travail long et minutieux. « Il faut imaginer creuser des trous de 1,50m à 1,80m de profondeur, pour savoir par couche de 30 cm ce que chaque unité de sol et chaque unité de terroir recélaient comme particularité », détaille Nicolas Glumineau. Et c’est à partir de ce savoir nouveau, qu’a pu se mettre en place ce que Sébastien Moses appelle « une petite révolution ».

Pichon Comtesse, une feuille de route pour 20 ans

Alors qu’ont appris les équipes de Pichon Comtesse grâce à cette carte géologique ? Sans surprise, les sols y sont extrêmement graveleux. Ce sont donc des sols très drainants sur lesquels le cabernet sauvignon est particulièrement adapté. Le régime hydrique amène le cabernet sauvignon à arrêter sa croissance végétative tôt dans la saison, pour se consacrer à la maturation des raisins. Par ailleurs, Pichon Comtesse compte des veines d’argile, qui traversent le vignoble. Le régime hydrique, favorable à l’irrigation du système racinaire des merlots, y est « absolument extraordinaire ». Ce qui fait dire à Nicolas Glumineau :

« Bien sûr, le cabernet sauvignon est le cépage majeur dans l’encépagement de Pichon Comtesse, mais quand le merlot rencontre des conditions favorables, il donne des résultats exceptionnels. Cela fait aussi la réputation de la propriété ».

Sur la base de cette carte géologique, les équipes ont donc lancé un plan d’arrachage-replantation. Depuis 2012, le directeur général pilote l’évolution de l’encépagement et notamment la part relative de Merlot. À terme, l’idée est d’arriver à des proportions de cépages qui avoisinent les 72 – 75% de cabernet sauvignon et 17 – 20 % de merlot, avec également du cabernet franc et un peu de petit verdot. Sur les 102 hectares du vignoble, 4 hectares sont arrachés chaque année. Après 2 ou 3 ans de jachère, les équipes replantent. Grâce à l’expertise développée par la Maison Roederer dans la conduite en biodynamie et en bio, les parcelles mises en jachère sont directement menées en biodynamie. Aujourd’hui, le vignoble de Pichon Comtesse est à 100% en bio et deux tiers du vignoble sont en biodynamie. Une aventure que Nicolas Glumineau qualifie de « passionnante. Cela nous a apporté beaucoup d’enseignements ».
Et pour accompagner ces transformations au vignoble, le nouveau propriétaire a investi dans des outils techniques de pointe. À partir de la vendange 2013, les équipes ont pu s’appuyer sur un nouveau cuvier, entièrement tourné vers la recherche de précision.

« On a la chance d’avoir des cuves de formats différents, qui nous permettent de vinifier chaque parcelle séparément. On a entre 80 et 90 vins différents à sélectionner entre Pichon et Réserve de Pichon Comtesse, c’est là où on va chercher l’équilibre, la précision ».

Nicolas Glumineau, Directeur Général de Château Pichon Comtesse

Château Pichon Comtesse 2018, le millésime pivot

Pour résumer le projet de Pichon Comtesse, Nicolas Glumineau parle d’:
« Assumer la situation pauillacaise de notre terroir, tout en faisant en sorte que Pichon Comtesse reste Pichon Comtesse ». Dans cette quête, le millésime 2018 occupe une place particulière. L’équipe s’est beaucoup investie dans la définition des merlot qu’elle souhaitait faire grandir. Grâce à l’expérience accumulée, la propriété est parvenue dès 2018 à produire « des vins de puissance mais aussi des vins d’une fraîcheur élégante, aromatique, très expressive, qui apporte beaucoup de complexité ». Pour le Directeur Général, cette réussite est l’aboutissement d’une stratégie sur le long terme. Nicolas Glumineau ajoute que 2018 constitue pour eux « un pivot, il a ouvert la voie à une série de millésimes qui nous plaisent beaucoup ». Et il n’est pas le seul à partager cet avis.

« En tant que marchand, je vois que le consommateur s’arrache les quelques bouteilles disponibles. On sent une attente sur Pichon Comtesse et Pichon Comtesse Réserve, c’est le signe que ces vins séduisent ».

Sébastien Moses, Propriétaire de Twins

Conseil d’accord mets et vins avec Château Pichon Comtesse 2018, par le chef Arthur Leprevost : Agneau de lait de Pauillac, girolles, cerises, vinaigrette de fruits bleus et jus corsé.

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