Château Cheval Blanc : l’agroécologie comme cheval de bataille
Grand cru iconique de la Rive Droite de Bordeaux, Château Cheval Blanc entend prendre à bras-le-corps les enjeux environnementaux de son temps. Fortement engagée dans la polyculture et l’élevage, la propriété revendique « le retour en avant », selon l’expression du journaliste Édouard Bergeon.
Renouer avec la polyculture et l’élevage
Lorsque Aymard Cruse, Directeur export USA chez Twins, visite le vignoble de Cheval Blanc, il se dit à chaque fois surpris par la simplicité qui règne dans les rangs de l’un des plus grands crus du Bordelais : « Cette façon de faire les choses simplement, mais un peu différemment, notamment le temps passé dans les vignes ». Si Cheval Blanc appartient au groupe de luxe LVMH, son directeur général revendique en effet « une culture agricole ». Pierre-Olivier Clouet défend ainsi une vision « très viticole » de son travail.
« Faire un grand vin, cela commence et cela se termine quasiment au vignoble. Notre boulot est de faire de très grands raisins. […] Nous avons la chance d’avoir un vignoble planté sur des terroirs exceptionnels et notre boulot quotidiennement est d’accompagner chacune des parcelles, chacun des pieds de vigne, chacune des natures du sol pour dérouler l’identité du cru ».
Pierre-Olivier Clouet, Directeur Général de Château Cheval Blanc
Et dans ce travail minutieux au vignoble, les équipes de Cheval Blanc ont réintégré depuis de nombreuses années la polyculture et l’élevage. Pierre-Olivier Clouet se plaît à rappeler que les domaines viticoles sont nés « depuis la nuit des temps » dans ce contexte et que « la monoculture est l’un des problèmes du XXe siècle ».
« Partons d’un principe très simple : dès qu’on met des plantes entre elles, elles sont moins malades. Dès qu’on met des animaux entre eux, ils sont moins malades. Dès qu’on met des plantes et des animaux entre eux, ils sont moins malades. Donc, cette idée de diversifier le vivant permet de recréer des équilibres, qui sont intéressants pour avoir moins de pression parasitaire, moins de pression maladie, pour régénérer la fertilité naturelle de nos sols ».
Pierre-Olivier Clouet, Directeur Général de Château Cheval Blanc
Œuvrer pour les générations futures
Si la viticulture du XXe siècle a fait disparaître les haies, les bosquets et les forêts, celle du XXIe siècle doit renouer avec les fondamentaux qui l’ont toujours portée. Non pas à travers un retour pur et simple en arrière, mais en retrouvant « ce qui se faisait historiquement, avec la connaissance d’aujourd’hui », comme le souligne le Directeur Général de Cheval Blanc. Élevage de brebis, arbres au service des vignes, etc., la propriété a consigné toute sa démarche dans un Manifeste sous-titré « Pour une viticulture non conventionnelle ». Dans ce Manifeste, Château Cheval Blanc explique vouloir prendre sa part dans la construction d’un modèle agricole plus soutenable et plus vertueux, et se servir de son porte-voix pour montrer que d’autres chemins viticoles sont possibles et désirables.
Pierre-Olivier Clouet insiste cependant. Si Cheval Blanc s’est lancé dans cette démarche, ce n’est pas pour faire de grands vins. Cela, ils le font déjà sur l’entrelacement exceptionnel – et singulier pour Saint-Emilion – de sols de graves et d’argiles, qui se déploie sur les 45 parcelles de la propriété.
« On fait des grands vins à Cheval Blanc parce que depuis 400 ans des hommes se succèdent et travaillent avec précision. Ils sélectionnent des Cabernets Francs remarquables, se posent des questions sur leur maturité, sur la vinification et la précision avec laquelle ils gèrent chacune des cuves, et font ensuite un élevage qui convient bien. Ça, ce sont les raisons pour lesquelles on fait un grand vin. Maintenant, quelle terre a-t-on envie de laisser aux générations futures ? Une terre vivante. C’est pour cela que l’on s’engage ».
Pierre-Olivier Clouet, Directeur Général de Château Cheval Blanc
Sur sa mosaïque de 39 hectares (près de 60% de Cabernet Franc au vignoble, merlot, cabernet sauvignon) à la jonction de Saint-Emilion et de Pomerol, Château Cheval Blanc continue de tracer son chemin, en quête du vin qui traduira au plus juste l’essence de leur terroir. « On cherche à faire le vin le plus identitaire possible, bien avant de faire le meilleur vin de Bordeaux », précise son directeur général. Un travail d’orfèvre qui donne naissance avec régularité à des vins légendaires, aux arômes raffinés et éclatants, où les mots densité, fraîcheur et précision viennent à l’esprit, avant de se perdre dans une finale interminable. Pour découvrir l’univers de ce cru d’exception, Pierre-Olivier Clouet estime que le millésime 2011 constitue une porte d’entrée privilégiée. Troisième pilier de l’extraordinaire trilogie 2009/10/11, ce millésime est « Un résumé de l’identité de Cheval Blanc. Avec cette floralité, cette fraîcheur, cet éclat, c’est un vin profond ».
Conseil d’accord mets et vins avec Château Cheval Blanc 2011, par le chef Arthur Leprevost : Ravioles de canard, vinaigre de framboise, escalope de foie gras, truffes, shiitake et asperges.