Château de Beaucastel rend hommage à Jacques Perrin

Château de Beaucastel, une histoire de famille

Dans les grandes propriétés viticoles, il est de plus en plus rare que des familles soient aux commandes et vivent sur place. C’est pourtant le cas de la famille Perrin à Château de Beaucastel. Habitués à naviguer à contre-courant, les Perrin poursuivent l’aventure familiale, commencée en 1909. Pas moins de neuf Perrin sont partie prenante dans la propriété, deux frères de la quatrième génération et sept cousins de la cinquième génération. Une famille investie à tous les niveaux, comme le décrit Charles Perrin, l’un des cousins. 

« Nous sommes les propriétaires mais nous faisons aussi le vin. Nous faisons vraiment tout, nous n’avons pas de winemaker. Nous travaillons à Beaucastel, nous vivons à Beaucastel, on peut dire que notre vie est là ».

De quoi faire dire à Airey Wong, Sales Director Asia Pacific chez Twins, que cette situation est « unique ». 

Chez les Perrin, il n’y a pas une seule personne qui dirige. Les décisions sont prises de manière collégiale, chacun ayant une connaissance fine de la propriété. Pour Charles Perrin, celle-ci s’est construite dès le plus jeune âge. 

« Quand on est enfant et qu’on rentre de l’école, on pose son sac et on se demande où est son père. Dans les vignes ? Dans la cave ? On le rejoint et on apprend. En fait, on apprend tous les jours. Au début, c’est un jeu et un jour, après avoir lentement appris, vous allez voir votre père et vous lui dites que vous voulez être vigneron comme lui».

Jacques Perrin, un visionnaire à Beaucastel

Dans le milieu viticole, on dit souvent que les décisions sont prises pour la génération suivante. À Château de Beaucastel, les orientations décidées par Jacques Perrin au siècle dernier continuent de marquer la propriété. 

Château de Beaucastel a en effet été l’un des pionniers de l’agriculture biodynamique dès les années 1970. Avant cela, les vignes étaient déjà cultivées de manière biologique depuis les années 1950. 

« Quand mon grand-père à commencer à travailler, les produits chimiques étaient en train d’arriver et il a décidé de ne pas les utiliser. À son époque, c’était perçu comme une folie, une attitude rétrograde. Beaucoup de gens se moquaient de sa démarche. Maintenant, c’est beaucoup plus valorisé mais on n’a jamais voulu en faire un argument marketing. Un vin doit d’abord être bon et s’il est bio ou biodynamique, c’est bien. Mais on veut d’abord faire du bon vin ».

Charles Perrin

Sur les collines parsemées de vignes, entourées d’oliviers et de chênes, la famille Perrin cultive les 13 cépages autorisés dans l’appellation Châteauneuf-du-Pape. Mais parmi eux, un cépage se remarque plus que les autres, le mourvèdre. Il s’agit là encore d’un héritage de Jacques Perrin. 

« Il y a une centaine d’années, la proportion de grenache et mourvèdre était équivalente dans l’appellation. Après la Seconde guerre mondiale, les autorités ont demandé que les vignerons replantent beaucoup de grenache et de cinsault, pour reconstruire le secteur viticole. Mon grand-père a refusé, il a voulu conserver ses vieux mourvèdre. Et maintenant, nous avons la chance d’avoir à Beaucastel 30% de mourvèdre, avec des vignes très anciennes ».

Cuvée Hommage à Jacques Perrin, un concentré de l’ADN de Beaucastel

Depuis 1989, la famille Perrin produit une cuvée particulière, avec une majorité de mourvèdre. Pour le comprendre, il faut remonter à 1974, lorsque les deux frères ont dû prendre la suite de leur père, décédé subitement. 

Tout naturellement, les frères ont suivi les méthodes paternelles, en vinifiant séparément les treize cépages cultivés à Beaucastel. Ils se sont alors rendu compte que chaque année la meilleure parcelle était une parcelle de mourvèdre. Leur père avait raison, le mourvèdre à Beaucastel était tout simplement exceptionnel. La famille a alors décidé de célébrer la vision de Jacques Perrin, via une cuvée Hommage, produite uniquement dans les années favorables. 

La première cuvée voit le jour en 1989, issue à 70 % d’une parcelle de mourvèdre plantée au début du XXe siècle, avec un assemblage de grenache, syrah et cinsault. Une cuvée confidentielle de 6 000 à 10 000 bouteilles. Si au départ, la cuvée n’était produite en moyenne que tous les trois ans, depuis 2009, la qualité des étés indiens a permis de produire une cuvée chaque année. 

La reconnaissance est immédiate. Dès le premier millésime, Hommage à Jacques Perrin décroche la note de 100 points, attribuée par Robert Parker. De son côté, le Wine Spectator désigne Château de Beaucastal comme propriété viticole de l’année. Pour la presse internationale, Beaucastel devient alors « Le Petrus du Rhône ». 

Commercialisé par la Place de Bordeaux

Depuis, les Perrin ont continué à travailler leurs vignes, vinifier leurs vins et prendre les décisions en famille. Depuis le millésime 2009, ils ont sélectionné la Place de Bordeaux pour commercialiser exclusivement la cuvée Hommage à Jacques Perrin. Château de Beaucastel devient ainsi la première propriété française hors Bordeaux, distribuée par le négoce bordelais. Pourquoi ce choix ? « Nous aimons être des pionniers », souligne Charles Perrin. 

Au-delà de ce caractère innovant, la famille Perrin a voulu s’appuyer sur l’expérience internationale de Bordeaux. 

« Châteauneuf-du-Pape et Château de Beaucastel étaient très connus en France, en Europe et aux États-Unis, mais pas vraiment en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient. Bénéficier de la puissance des canaux de distribution de la Place de Bordeaux était l’opportunité de trouver de nouveaux consommateurs ».

Charles Perrin

Conseil d’accord mets et vins avec Hommage à Jacques Perrin 2009, par le chef Arthur Leprevost : 

Filet de veau fumé accompagné de truffe noire, de salsifis, d’un jus corsé, d’une émulsion aux champignons et d’une pincée de poudre de cacao.