Château Margaux, un rêve d’enfant
À la tête du mythique Château Margaux, Alexis Leven-Mentzelopoulos prend ses marques. Avec sa sœur Alexandra, le jeune gérant poursuit l’œuvre de sa mère et de son grand-père, mais aussi celle de ses prédécesseurs depuis le 16e siècle. Autour du millésime 2004 de Château Margaux, Alexis Leven-Mentzelopoulos évoque avec Anthony Moses la passion qui l’anime et les projets qu’il porte pour le Premier grand cru classé de Margaux.
Haut comme trois pommes et déjà dans les vignes
Quand ils plongent dans leurs souvenirs, les salariés de Château Margaux se souviennent d’un petit garçon qui courait partout, heureux de s’imprégner de la magie du lieu. Tout juste trentenaire, Alexis Leven-Mentzelopoulos garde précieusement ces moments fondateurs.
« Très jeune, on comprend qu’il y a quelque chose de spécial avec Château Margaux. On ne saisit pas tous les détails mais on se rend compte qu’on a envie d’en faire partie et qu’on aura beaucoup de mal à trouver un autre métier aussi passionnant ».
Alexis Leven-Mentzelopoulos, copropiétaire et co-gérant de Château Margaux
Début 2020, le jeune diplômé en communication et management viticole a donc rejoint la propriété familiale. Progressivement, Alexis Leven-Mentzelopoulos s’est familiarisé avec tous les métiers de la production, du commercial et de la finance financier. « À Château Margaux, beaucoup de métiers différents sont exercés, tous intéressants et surtout très utiles ». Une manière de peaufiner son apprentissage, avant de présider à la destinée du Premier grand cru classé de Margaux. De quoi susciter la curiosité d’Anthony Moses, Directeur général de Twins : « Quand on est jeune, est-ce qu’on veut consolider ce qui a déjà été fait ou a-t-on envie d’amener sa touche personnelle ? ». La réponse d’Alexis Leven-Mentzelopoulos est sans appel : « Certainement pas une touche personnelle ».
Innover dans la continuité
Pour le jeune homme, la mission est avant tout de respecter Château Margaux. Il insiste sur les plus de 500 ans d’histoire de la propriété et sur la nécessité d’être au service du Premier grand cru classé. Pas d’immobilisme cependant chez Alexis Leven-Mentzelopoulos : « Il faut respecter Château Margaux sans pour autant se reposer sur les lauriers ».
Dans la propriété médocaine, l’on mène d’ailleurs de nombreuses expérimentations. Des essais d’une grande variété sont menés, dans les vignes ou dans le chai, sur différents types de vinification, d’élevage, voire de bouchons.
« Pour la petite histoire, on a presque 10 000 bouteilles d’essais à l’échelle de Château Margaux. On va les goûter avec l’équipe de R&D et l’équipe technique dans les 10, 15, 20 ans, pour voir s’il y a des essais pertinents ».
Alexis Leven-Mentzelopoulos, copropiétaire et co-gérant de Château Margaux
L’ambition est d’essayer de perfectionner ce qui pourrait encore l’être, de le faire progressivement et de ne rien modifier tant que les équipes ne sont pas parfaitement convaincues. Alexis Leven-Mentzelopoulos insiste : « On ne fait rien parce que c’est à la mode, on le fait parce qu’on est persuadé que cela contribue à améliorer encore la qualité du vin de Château Margaux ».
Château Margaux, un niveau de sélection hors norme
Et parmi les domaines où Château Margaux a mis la barre très haut, on peut citer la sélection des raisins. « On sent chaque année que vous allez toujours un petit peu plus loin dans la qualité de Margaux », remarque Anthony Moses. Une impression confirmée par le jeune gérant.
« Dans les années 1980, on produisait chaque année 300 000 à 350 000 bouteilles de grands vins. Aujourd’hui, c’est seulement 100 000 à 120 000. On produit beaucoup moins puisqu’on sélectionne de plus en plus ».
Alexis Leven-Mentzelopoulos, copropiétaire et co-gérant de Château Margaux
Dans les millésimes récents, seul un tiers de la vendange totale permet de produire Château Margaux, « la crème de la crème ». À titre de comparaison, pour le mythique millésime 1982, 75% de la production totale allait dans Château Margaux. Ce qui ne rentre pas dans l’assemblage du grand vin est commercialisé sous l’étiquette Pavillon Rouge, deuxième vin de la propriété créé au XVIIe siècle. Anthony Moses salue d’ailleurs ce deuxième vin « d’une précision, d’une élégance et d’une finesse qui rappelle le grand vin des années 80. Je pense que le grand gagnant est le consommateur ».
Conseil d’accord mets et vins avec Château Margaux 2004, par le chef Arthur Leprevost : Carré d’agneau de lait des Pyrénées, petits pois, carottes, huile de menthe, pétales de souci, poudre de café.